Chacun le sait, et Jean-Marc Payot, le photographe-voyageur, tout aussi bien: la Birmanie est, depuis 1962, aux mains d'une junte qui empêche l'exercice des droits politiques de ses citoyens et entrave gravement les libertés individuelles.
Les événements récents, qui ont fait descendre dans la rue des milliers de moines soutenus par la population, ont montré au monde entier le malaise extrême qui règne dans ce pays et l'aspiration déterminée du peuple à la démocratie.
Faut-il pour autant, à cause de cette réalité, s'interdire toute incursion dans une autre Birmanie, celle qui semble sortie d'un autre temps, mais qui est cependant bien réelle et vivante?
Elisabeth Foch, l'auteur de «La voie du fleuve», et Jean-Marc Payot, qui a réalisé les photographies de ce livre, sont conscients de la souffrance des Birmans et s'en montrent très préoccupés. Ils sont partis à la rencontre clé ce qui - au-delà du contexte politique et social - constitue l'âme de ce peuple. Transparaît ainsi toute la ferveur d'un pays façonné par le bouddhisme, irrigué par un des plus grands fleuves du monde: l'Irrawaddy.
Jean-Marc Payot est en quête de réponses spirituelles ; il utilise l'image argentique en noir et blanc comme langage ; sa photographie relève d'une sobriété visuelle rare, à l'instar de sa modestie. Sa perspective est celle d'un homme interpellé par « l'autre », dont il cherche à percevoir et à révéler l'authenticité.
Cette approche photographique est un hommage à la résistance du peuple birman face aux épreuves qui lui sont imposées.
Gilles Mora