Jean-Marc Payot sort un livre et expose ses photos en noir et blanc.
L'Orient! Tout petit déjà, Jean-Marc Payot en rêvait. Ce jeune habitant de Saint-Prex voyageait alors en chambre, s'évadant sur les images de temples hindous de Bubaneshwar. Il devra pourtant attendre de terminer ses études pour goûter à l'Inde une année durant. Il assurera pourtant pendant près de vingt ans ses fonctions de directeur et administrateur de la librairie Payot, avant de tout lâcher pour devenir ce qu'il est aujourd'hui: un photographe voyageur, à l'esprit libre, attiré par le bouddhisme et les populations qui le pratiquent. A 66 ans, Jean-Marc Payot vient de sortir son troisième livre, En Birmanie, et il expose actuellement ses photographies à Saint-Prex, dans deux espaces différents.
La sagesse du silence
C'est à la Galerie le Cellier du Manoir que le photographe nous reçoit, en compagnie de Charles-Henri Favrod, venu en voisin. L'ancien directeur du Musée de l'Elysée a oeuvré à ces deux accrochages intitulés Un regard singulier, voyages orientaux et intimes. Entre les deux hommes, le courant passe, fait d'estime réciproque. «J'admire beaucoup le travail de Jean-Marc Payot», relève Favrod. «C'est un photographe très respectueux des sujets qu'il aborde. Il a la sagesse du silence, de l'attente. Les images qu'il nous offre sont toujours consenties, jamais volées.»
Dans cette petite galerie sont exposés les travaux plus récents, plus dépouillés aussi, sur le Japon. Les vues sur l'Inde et la Birmanie se trouvent, elles, dans la salle située sur les hauts de Saint-Prex. Toutes ces images sont en noir et blanc. L'homme est un inconditionnel de l'argentique. Il aime tirer ses photographies dans son propre laboratoire, même s'il confie les plus grands formats aux bons soins de Laurent Cochet.
La quête spirituelle de Jean-Marc Payot transparaît dans l'exposition, tout comme dans le livre. Serait-il croyant? «Pas vraiment. Mais je suis en questionnement» réfléchit paisiblement l'auteur de ces images de moines et de simples passants priant ou déposant des offrandes devant des temples. «Nous sommes plutôt proches de la philosophie bouddhiste» précise sa femme Athéna, avec qui il partage tous ses voyages.
Ensemble, ils se sont rendus à trois reprises en Birmanie, en 1980, en 1997 et en 2007. «Le tiers des images du livre provient du deuxième voyage, axé sur les lieux de pèlerinage, le troisième périple nous ayant amené dans les grottes de Sadaing» précise Jean-Marc Payot. «J'ai ensuite sélectionné une centaine d'images sur les 4000 à 5000 clichés dont je disposais. J'ai construit ce livre dans une mise en page très classique, en cinq chapitres, avec comme fil conducteur l'Irrawaddy, l'un des plus grands fleuves sacrés du monde.»
De quelle marge de manoeuvre dispose-t-on quand on photographie en Birmanie? «Si vous ne traitez pas ouvertement de sujets sensibles pour la junte au pouvoir, il n'y a pas de problème. C'était du moins le cas jusqu'à l'an dernier.»
Françoise Nydegger - La Tribune de Genève, 19 avril 2008